L’hypothèse des paysans boulangers est que les variétés modernes de blé, sélectionnées sur le rendement et la qualité technologique (industrielle) depuis des dizaines d’années, ont développé des types de molécules de gluten indigestes.

Les variétés anciennes, en plus de leur aptitude à s’adapter à certains terroirs et à être moins dépendantes des intrants chimiques, présenteraient donc l’avantage d’avoir une qualité nutritionnelle supérieure.

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Lorsque le Réseau Semences Paysannes naît en 2003 suite aux rencontres d'Auzeville près de Toulouse, les semences paysannes, sélectionnées et multipliées à la ferme, n'ont aucune existence reconnue.

 

Une urgence réglementaire liée à la bio

L'organisation des rencontres d'Auzeville en février 2003 veut d'abord répondre à une urgence : fin 2002, à l'occasion du renforcement de l'obligation d'utiliser des semences biologiques, l'Europe est sur le point d'adopter une réglementation n'autorisant en agriculture biologique que les semences de variétés commerciales inscrites au catalogue officiel. Or,

 

  • de nombreux agriculteurs en agriculture biologique utilisent des semences paysannes de variétés locales ou traditionnelles. Ils ressèment leur récolte ou celle de leur voisin ;
  • très peu des semences et plants biologiques sont disponibles sur le marché. La plupart ont été sélectionnés avec et pour les intrants chimiques, puis multipliés une seule année en bio. Ils sont rarement adaptés aux agricultures bio et paysannes ;
  • les agriculteurs bio ont besoin d'une multitude de variétés adaptées à la diversité de leurs sols et des climats.

Le développement des cultures d'organismes génétiquement modifiés (OGM) a connu en Europe un infléchissement remarquable au tournant des années 2000 par une mobilisation citoyenne de plus en plus large. Grâce aux actions de la Confédération Paysanne et aux procès qui ont suivi, les risques de contamination des cultures et d'appropriation des semences par un oligopole industriel ont été fortement médiatisés. De nombreux paysans ont alors décidé de se réapproprier la maitrise de leurs semences. Le refus des OGM devait être équilibré par la défense d'un autre projet agricole fondé sur l'agroécologie et l'autonomie semencière. Le carcan réglementaire sur les semences montrait que les OGM étaient l'évolution logique d'un système industriel bien en place et qu'aucune agriculture saine et durable ne pouvait être possible sans recours aux semences paysannes.

Plus que la bio : les droits fondamentaux des paysans

Les 350 personnes, en majorité paysannes et paysans, réunies à Auzeville ont montré que les semences paysannes dépassent largement le cadre de la bio ou du rayon antiquité des musées conservatoires, qu'elles sont incontournables au développement d'agricultures paysannes modernes "à faible niveau d'intrants" en France, mais aussi dans d'autres pays du monde. Au-delà des échanges de savoir-faire techniques, il est question du droit fondamental du paysan à ressemer et à échanger le grain récolté, du droit à choisir le type d'agriculture qu'on veut pratiquer, d'autonomie des paysans et du droit des peuples à la souveraineté alimentaire, de débats scientifiques sur le vivant, de débats juridiques et éthiques sur la confiscation des semences par les droits de propriété intellectuelle.

Ne plus se cacher
Depuis les rencontres d'Auzeville, quelle que soit la loi, les paysans qui font leurs semences ont décidé de ne plus se cacher. Ils revendiquent collectivement en grand jour leurs pratiques héritées de plusieurs millénaires d'agriculture et porteuses d'avenir. C'est pour assumer et organiser cette désobéissance que le Réseau Semences Paysannes s'est donné une structure formelle en France en 2003 et multiplie depuis les échanges aux niveaux européen et mondial.

Extraits de l'ouvrage "Cultivons la biodiversité : les semences paysannes en réseau (à commander sur le site Réseau Semences Paysannes)

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